Pour ou contre la péridurale ?

À mi-chemin entre une anesthésie générale et locale, l’anesthésie péridurale est dite locorégionale. Elle permet d’éviter une anesthésie générale non indispensable ou non souhaitée. Elle a ses propres indications… mais également ses inconvénients. Explications. 

peridurale

La péridurale : qu’est-ce que c’est ?

Ce mode d’anesthésie autorise la plupart des opérations au-dessous de la taille : orthopédiques ou traumatiques portant sur les membres inférieurs, des hanches aux pieds, mais aussi sur le rectum, la vessie, la prostate, le bassin…

Pour bien se préparer avant l’intervention, une bonne nuit permet d’arriver détendu. Il ne faut absorber ni nourriture ni boisson dans les 6 heures précédant l’intervention. Être à jeun n’est pas fondamental, mais c’est une sécurité indispensable en cas de malaise ou si une anesthésie générale est nécessaire.

L’anesthésique est injecté au bloc opératoire à l’aide d’une aiguille fine ou d’un fin tuyau en plastique (cathéter) au niveau de l’espace péridural. Situé entre deux vertèbres lombaires, ce dernier entoure les racines nerveuses issues de la moelle épinière.

Le patient est installé en position assise ou allongée sur le côté pour cette injection en principe indolore. Un cathéter souple est laissé en place pour réinjecter du produit si nécessaire. Un monitoring et une surveillance permanente du patient sont assurés par un anesthésiste.

L’intervention se déroule derrière des champs opératoires (draps de couleur). Si le patient peut percevoir les gestes de l’équipe médicale, il ne voit rien et ne ressent aucune douleur. Il demeure conscient pendant la durée de l’intervention mais, le plus souvent, un sédatif lui aura été administré préalablement.

Le pour

On a moins peur de ne pas se réveiller. La perspective de l’anesthésie générale constitue pour certains une véritable angoisse. Quand il existe une peur irrationnelle de ne pas se réveiller et un refus absolu d’endormissement, l’anesthésie péridurale constitue un vrai soulagement.

C’est une alternative à l’anesthésie générale. La péridurale peut être préférée chez certaines personnes en raison de leur état médical (insuffisance respiratoire…) ainsi que chez les patients non à jeun.

Les suites opératoires sont plus confortables. La péridurale permet d’éviter tous les problèmes de réveil liés à l’anesthésie générale. Car, même de courte durée, les effets secondaires (comme les nausées, les vomissements, les douleurs de la gorge ou encore les douleurs musculaires) de l’anesthésie générale n’en restent pas moins désagréables.

Elle permet d’intervenir en cas d’urgence. Ce mode d’anesthésie est envisagé chez un patient qui n’est pas à jeun et qui doit être opéré rapidement. Les résultats des ana- lyses sanguines sont attendus avant toute intervention, sauf s’il s’avère impossible d’attendre ces résultats.

C’est la meilleure anesthésie pour une césarienne. Aujourd’hui, on favorise largement la naissance des enfants par césarienne sous péridurale. L’anesthésie générale peut se révéler en effet délicate chez la femme enceinte. Lors d’un accouchement par césarienne, I anesthésie est légère au début afin de minimiser le passage de substances médicamenteuses de la mère à l’enfant (composante antalgique réduite). Cette anesthésie semble plus favorable à l’enfant qui reçoit moins de substances anesthésiques.

Ce n’est que lorsque l’enfant est sorti et le cordon ombilical coupé que le médecin peut assurer une anesthésie complète et satisfaisante.

Autre difficulté, « une femme enceinte n’est jamais vraiment à jeun. Pour compliquer le tout, son intubation peut se révéler difficile. Pour ces raisons, les médecins préfèrent effectuer les césariennes sous anesthésie péridurale » explique Justine Franc, Fondatrice de Femmes References.

Le contre

On redoute de voir et d’entendre. Certaines personnes sont tétanisées à l’idée de suivre leur intervention. Elles ne veulent « rien entendre », « rien voir ». Le médecin ne peut pas imposer une anesthésie péridurale. L’environnement du bloc opératoire pouvant paraître angoissant, le patient est souvent mis sous sédatifs durant l’intervention. Il lui arrive d’ailleurs de s’endormir et de ne se souvenir de rien ! Si le service le permet, un baladeur diffusant sa musique préférée permet d’échapper à l’environnement sonore de la salle d’opération.

Elle a des contre-indications. L’anesthésie péridurale ne saurait convenir à tous les cas. Les plus fréquentes contre-indications sont

  • les maladies du système nerveux (sclérose en plaques, tumeurs…).
  • les problèmes infectieux généralisés, ou à l’endroit même de la piqûre, qui pourraient ensemencer une infection au cours de la piqûre.
  • les troubles de la coagulation parfois responsables d’hématomes qui risquent de comprimer les nerfs et d’entraîner des déficits neurologiques. Un bilan sanguin pré-opératoire permet de les déceler..
  • certaines maladies cardiaques : L’anesthésiste préférera alors souvent l’anesthésie générale, plus facile à gérer. Par ailleurs, certains médicaments doivent absolument être proscrits avant une anesthésie péridurale. C’est le cas de l’aspirine, dont une seule prise modifie la coagulation pendant dix jours !

Elle peut entraîner des effets secondaires. Comme l’anesthésie générale, l’anesthésie péridurale provoque souvent une baisse de tension artérielle. D’où une surveillance en salle de réveil après l’intervention. Le patient est remonté dans sa chambre lorsque tout risque de complication immédiate est écarté. Une rétention urinaire peut survenir. Elle sera éventuellement résolue par un sondage vésical.

Elle peut se compliquer. Une péridurale délicate peut se compliquer d’un syndrome post-duremérien secondaire à une fuite de liquide céphalorachidien, par atteinte de la membrane dure-mère voisine du siège de l’injection.

Cet incident technique, d’ailleurs exceptionnel, est responsable de maux de tête, parfois faibles, parfois très importants, amplifiés par la lumière et la station debout.

Attention : Se lever ne provoque pas l’apparition des maux de tête, mais peut les intensifier s’ils sont présents. En cas de syndrome post-duremérien, un traitement est rapidement mis en place pour soulager le patient. Le syndrome post-duremérien ne se produit pas, ou très faiblement, chez les personnes âgées.

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